lundi 11 octobre 2010

Lescun : Barlagne,Aberous,Bilhory les oubliés de l'IGN......

Lescun s'appelait Lascun en 1077 : "l'endroit où il y a des ruisseaux".
En euskara, on reconnaitra certainement "Latsa guna".

Lescun est aujourd'hui un des lieux des Pyrénées qui symbolise le Pyrénéisme, comme peuvent l'être Cauterets, Gavarnie, Luchon ou Venasque.
C'est une icône des Pyrénées occidentales.
Une carte postale, une image d'Epinal.
Ici c'est écrit  l' histoire des Pyrénées  à travers les passages ancestraux "Tras-los -montes», les conquêtes pastorales ou minières, les échanges transfrontaliers et contrebandiers, les explorations des parois ou le développement du tourisme thermal ,social, puis de masse.
Lescun est un nœud historique, géologique, ethnologique, sociologique, culturel, sportif.

Pour l'histoire, outre l'installation des pasteurs au néolithique, il faudra y noter la présence romaine avec la voie de Caesaraugusta passant par le col de Pau ou Pao.

Mais c'est un événement historique, proche de nous , qui marquera notre esprit :
La bataille de Lescun.
Claude Larronde historien, membre de la Société Académique des H.P et de l'Académie des Lettres Pyrénéennes en a fait un très bon résumé sur son site.(http://perso.orange.fr/claude.larronde/)
Malheureusement celui ci n'a pas l'air de bien fonctionner sous Mozilla.
C’est pourquoi je me suis permis d'en retranscrire l'essentiel, changeant quelques noms empruntés à l'IGN des années 50.



"La bataille de Lescun, en 1794, est un peu le « Valmy » des Pyrénées (1).
Comment une armée républicaine inférieure en nombre, fortement galvanisée par quelques officiers résolus, mettra en déroute une armée espagnole trop persuadée de sa supériorité.
Partie intégrante de la vallée d’Aspe, le cirque de Lescun ouvre, par ses gaves, des voies de communication avec la frontière. Avant la Révolution, quatre cols sont très fréquentés : l’Insole qui relie la vallée d’Anaye à celle de Roncal, Pétragème qui unit les vallées de l’Ansabe et d’Anso, Pau qui relie les vallées de l’Itchaxe et d’Hécho, le col de La Cuarde qui rapproche les vallées de Labadie et d’Aigues-Tortes. Au centre du cirque, le village de Lescun est fièrement campé sur un plateau pittoresque.
Autour de lui, le pays est fertile et de nombreux propriétaires agricoles sont possesseurs de troupeaux.
Avant 1789, les habitants de Lescun passent pour être des plus riches, en Béarn.
Le 22 juillet 1792, l’Assemblée Législative déclare la Patrie en danger, suite aux revers essuyés par l’Armée du Nord, en Belgique.
Le 20 janvier 1793, les Gardes nationaux de la vallée d’Aspe se réunissent et élisent leurs chefs.
Le 9 mars, l’Assemblée déclare la guerre à l’Espagne. En attendant l’arrivée de l’Armée des Pyrénées orientales, on organise fébrilement les défenses de la vallée. Les représentants de la Convention viennent stimuler l’ardeur et l’activité des Béarnais. Début juillet 1794, le 5e Bataillon des Basses-Pyrénées répartit ses compagnies entre Bedous, Accous, Borce, Urdos, Lhers et Lescun.
En avril, le Bataillon a reçu du Directoire d’Oloron le drapeau tricolore.
En face, l’Armée d’Aragon compte parmi ses officiers plusieurs émigrés du département dont le comte d’Esquille attiré par les richesses de Lescun.
Le 25 juillet, la vallée de Baztan est prise par le général Muller, puis, Fontarabie, St-Sébastien et Tolosa tombent aux mains de Moncey.
Effrayée par cette marche, la Cour d’Espagne charge le comte Castel Franco, grand d’Espagne, capitaine général des armées de Charles IV, de franchir la frontière aux cols de Pau et de La Cuarde avec le tiers d’une division, soit 2000 hommes. À ceux-ci, il adjoint 1500 miliciens et un millier de paysans plus maraudeurs et pilleurs que soldats.
La phalange aragonaise surgit devant le poste d’Itchaxe et les premiers incendies s’allument dans les fermes du cirque de Lescun.
Mais, le passage des postes frontaliers par les sentiers étroits est le paramètre oublié par l’Etat-major espagnol.
Les compagnies Ferrandou, Troussilh, Anchou, Tresmontant, Pélissié, Minvielle d’Accous et Laclède font merveille, électrisées par le commandant Guipouy.
Agissant comme des francs-tireurs, elles exploiteront l’irrésolution des troupes ennemies desservies par une topographie terriblement accidentée qui devront déplorer 900 tués et 450 prisonniers abandonnés dans les mains de paysans béarnais furieux."
(1) d'après « La bataille de Lescun ; la guerre dans la vallée d’Aspe » - Lieutenant Schmuckel - Éditions Princi Negue - juillet 2004.




Il n'est pas ici question d'écrire un livre mais d'évoquer quelques facettes de Lescun.
Ces petits coups de projecteur qui illustrent l'attirance d'un lieu façonné en partie par l'homme,
pour les touristes, les peintres ou les montagnards.
Avec le livre "L'Aberouat : regards sur une montagne sociale" (1945-1957), on pourra découvrir une aventure humaine née après-guerre où se mêlent les noms de Joseph Aussat, Coucou (Henri) Barrio, Jean Dutech, Laurent Haure-Placé, sur fond de concurrence entre la FOL, les PEP et la JS pour faire vivre cet ancien lieu de cure en foyer de découverte de la montagne pour les jeunes et les familles : le refuge de Laberouat.
On lira la critique de l'ouvrage publié dans le Lokarria 02-2003 de l'association Auñamendi.
http://www.aunamendi.com/index.php/lokarria-bulletin-de-lasso
avant dernière référence

C’est de Laberouat (le noisetier en gascon) que partira la randonnée du jour.
Le temps est bien maussade. Vent et pluie sont attendus pour le début d'après midi.
Comme de coutume c'est bien équipé que nous partons pour la traversée des crêtes de Barlagne, Aberous et Bilhory.
Comme on dit ici "ni per bet, ni per lèd, nou leches la cape ni lou brespè"
(Qu’il fasse beau ou laid, ne laisse jamais manteau et gouter).
Vous ne trouverez pas ces noms sur l'IGN.
Il y a bien longtemps que d'aucun les a oublié à part les bergers et les érudits locaux.

Barlagne est la crête qui va du col de la Hache jusqu'au Mailh d'Eygarry,
Aberous celle qui forme la portion d'Eygarry à Mailh Rouy passant par le rocher de la Hache de l'Oelharisse,
Bilhory termine la crete des Orgues de Camplong, du Mailh Rouy jusqu'aux Tourelles et au Pas d'Azuns.
Le scénario était presque parfait.
Au sortir du chemin de la forêt d'Anitch, l’horizon, vers le sud est toujours aussi menaçant.
Sans trop y croire nous nous dirigeons vers le Cuyalar de Boué.
En chemin au col de la Hache (limite communale Lees-Athas et Lescun), je remarque deux petits tumulus ou fonds de cabane en bordure du ruisseau.
Nous entreprenons la montée vers le pas d'Estaute.
Le vent ne mollit pas.
(Estaute : étymologiquement station pastorale, certainement lieu de surveillance)
L’équipe conserve quand même le moral.
Qui sait ?
Quelques rayons parviennent à percer sur la plaine de Bedous et sur les prairies d'Icheus au bas des Arres de Lees-Athas.
Passé le Pas d'Estaute nous entamons une traversée vers les bois nommés "Bosc de Petraoube" ,la une sente est  bien marquée.
Une petite cheminée donne accès à un carrefour de sentes.
L’une d'entre elles, descend vers la cabane de Camoucey (camou : pré).
La carte appelle ce lieu "Pla à Barbe».
En aucun cas, il ne faudra y s'attendre à un endroit plat, puisque le Pla c'est en gascon "le mont" et "Barbe" signifiera "la dent ou la pointe".
(L’endroit plat serait plutôt dénommé  "planer").
Les vieilles cartes appellent le point culminant du versant " Pla à barbe" ou "mailh d'Eygarry".
A cinq kilomètres de là ,rive droite de la vallée veille aussi un autre pic d'Aygarry, près du Permayou .
Mystère des géographes...
C’est certainement encore une montagne à deux noms suivants le versant.

Nous nous retrouvons sans broncher au sommet d'Eygarry.
Au vu des amoncellements de nuages noirs, très noirs, nous comprenons vite que c'est foutu.
Pour paraphraser P.Dac, notre escouade applique la devise: "Météo,pars vers le bas". 

Tranquillement au milieu des pins à crochets, dont certains sont remarquables, nous nous dirigeons vers le rocher de la Hache de l'Oelharisse.
(Traduction : Le rocher du hêtre de la pierre des brebis (borne?))

Ce qui est intrigant dans cette zone tampon de la vallée d'Aspe, entre le latin-roman et l’euskara, c’est la familiarité de certains mots.

Oelh c'est la brebis des gascons.
Haritze c'est le rocher des basques.

Si des mots comme Billare, Aspe, Anaye, Lescun, Urdos, Arres, Udapet, Borce, Anie paraissent familiers aux oreilles des euskalduns
Il est paradoxal d'entendre les deux langues dans un seul mot.

D' Oelharisse ,le panorama est un des plus complets de la vallée d'Aspe.
Je le pense plus exhaustif que du Labigouer ou du Ronglet par exemple.

L’aigle royal vient nous saluer à moins de cinquante mètres , profitant de quelques ascendants qui le propulseront vers le Bezous en quelques secondes.

Un hasardeux rai de soleil  nous signale le pic des Tourelles qui nous semble  loin pour continuer tranquillement.

Qu’importe ! Il existe une échappatoire au pas de l'Oelharisse.
(Pierres croulantes à éviter en descendant sur les parties saines rive droite).

Le couloir dévalé, il ne nous reste qu'à imaginer les nombreuses lignes d'escalade qui zèbrent les falaises de l'Oelharisse.

Les pas des ouvreurs Cassou, Carrafrancq, Boileau, Hourticq, Dufraisse, Laharague, Despiau, Segalas ont laissés ici des voies en terrain d'aventure qui ne sont pas parcourus tous les dimanches.

Pour la paix des faucons, il en est bien ainsi.
Les dernières terrasses herbeuses au dessus de Laberouat nous offrent de splendides stations de crochus.

La crête de Bilhory attendra d'ici l'été de la St Martin, dans quinze jours ou trois semaines.
Les Vibram sont déjà affutés.
compter :4h de marche tranquille et tout compris (photos + almuerzo)

parcours Wikiloc


parcours sur GPX Visu


quelques photos :Argazki batzuk
 aube sur le Sesques
Sesques sortant de la nuit
Billare et dec de Lhurs
Billare vu de la crête d'Ourtisse
petit matin grisâtre
clair obscur vers l'Est (erreur de transcription à gauche : Bergon ,à droite Embarrèrre)
Sud bouché




Billare ,Aunamendi,Coutende et Soum Couy

le plateau de Boué et les falaises d'Etsaute au sortir des bois d'Anitch
le plateau de Boué ,haut lieu de pastoralisme
plat avant la cabane de Boué
fontaine du plateau de Boué

 hêtraie de Boué

Ossau depuis Boué

pas d'Etsaute
crête du Mié

Bedous et Lees-Athas depuis le pas d'Etsaute
Pas d'Etsaute
carlines
tapis végétal
chardon
chemin de traverse dans les Arres sous le Pla à Barbe vers la cabane de Camouncey
cheminement dans les pins à crochets
sous le Mailh d'Eygarry
du Mailh d'Eygarry vers l'Ouest
Pla à Barbe
du rocher de la hache d'Oelharisse vers le Soum Couy
 vue furtive sur les Tourelles et des Orgues de Camplong et les parois d'Azun.
Billare, Les Trois Rois (Iru erregeen mahaia) et vallon d'Anaye
la même en couleur
Pas de l'Oelharisse
Pas de l'Oelharisse (le bas)
Pas de l'Oelharisse (sortie)
Pas de l'Oelharisse
 Trilogie du vallon d'Anaye
les falaises d'Oelharisse
amiguetes solitarios
crocus à safran
crocus en station
station florale

4 commentaires:

mimilulu a dit…

lescun "quel souvenir encore ;quand nous partime avec les 2 rugbyman ;au pied de l'ossau!"....mais là aussi que de richesse naturelles ,j'ai aimé les fleurs en photos =unique "le safran";ici on connait pas sa recolte donc sa valeur ;milechker!!

Anonyme a dit…

on a bien fait de rentrer !!!
que de tchoure depuis samedi soir !!!à bientot pour une nouvelle sortie

Anonyme a dit…

Bravo pour votre site : il est si raire de trouver un blog de montagnard qui ne rapporte pas ses sorties sur le seul mode du "sportif qui prend des photos". Je me passionne pour la toponymie lescunouise. En lisant votre boucle d'octobre 2010, j'ai relevé deux toponymes: "estaute" et le "pas d'Oelharisse". J'avais cru entendre de mon côté, chez certains Lescunois "EstauSte" et "la brèche de l'Abérouat". Pourriez-vous m'indiquer vos sources ? Je vous en remercie d'avance.

Mendiz mendi a dit…

mes sources :le cadastre,le cadastre napoléonien disponible sur le site du CG64 ,l'IGN 1940