(Orimendi en souletin).
Montagne pastorale ,montagne de passage,montagne minière ,montagne aux cent légendes ,montagne de mythes ,montagne de peines ,montagne d'extase,montagne-limites ,montagne des conflits Soule-Salazar-Navarra.
Montagne commune à la navarraise Otsagabia et la souletine Larraine (Larrau),elle doit d'abord sa réputation aux forces de la nature qui sans cesse burinent et martèlent ses flancs .
Les tempêtes talochent ses faces Nord et Ouest de grésil ou de poudreuse.
Les matins lumineux irisent ses raideurs de l'Est.
Les vents chauds assèchent bien vite ses herbages oblongs du versant sud.
Cette montagne a aussi l'habitude d’arrêter les nuages soulignant ainsi le paradoxe d'avoir une face réchauffée où l'on marche en maillot et à quelques mètres de là d’être vêtu en habit polaire.
Elle est méditerranéenne et atlantique , ubiquité avérée par les zones boisées ou les étendues fourragères et rocailleuses.
Qui ne s'est jamais retrouvé, au sommet, dans un spectre de Brocken, n'a jamais ressenti la grandeur terrifiante de ce sommet.
Qui n'a jamais languit sous la mer de nuages ,alors que le sommet irradiait de soleil,
n'a pas compris qu'elle pouvait être cachée aux humains et rayonnante aux montagnards.
Elle est sveltesse et robustesse ,paradisiaque ou infernale.
Elle est l'atalaye (phare) de nos Pyrénées d'Iparralde et nous indique quotidiennement l'état de la Grande Montagne.
Aujourd'hui elle est dégarnie et brune,
demain elle s'enveloppera d'une cape de brouillard,
pour un surlendemain où elle revêtira une robe blanche et étincelante.
Ainsi nous renseigne la vigie.
L'été, elle est verte comme l' émeraude.
Elle nous parle,nous serine ,nous badine ,nous attire.
Elle est la déesse-mère des Souletins , leur Taishan, qui y montent, tant qu'ils sont valides,au moins une fois l'an.
Pour d'autres, elle est la montagne-maitresse , relation intime jusqu'à cinq cent fois renouvelée.
On la chérit du regard de Mauléon ,Bayonne ,Baigorri ,Dax,d'Orthez ou de Pau.
Elle est ainsi un bien commun aux béarnais,aux landais, aux labourdins,aux navarrais ,indivis de la vision et de l'imaginaire.
Elle est chantée en tout coin.
Comme dans ces vers d'
Euskal Herriko Mendiak
Orimendi tontorreko pagoaren puntan,
puntaren puntan, Oriko txoria kantari.
Txiruliruli, txiruliruli,
nork kantatuko ote du soinutxo hori?
ou dans la chanson de Roger Idiart , l'ancien curé de Larrau ,que tous les grands de la chanson basque ont su intégrer dans leur répertoire,
(Peio ta Pantxoa, Oskorri, Kepa Junkera, Mikel Laboa, Erramun Martikorena , Benito Lertxundi.....)
Oriko txoria
Jende gaztia dabila
etxetik urrun lanila...
Ez erran galdurik dela,
itzul ditaike berehala.
Jin bedi gure artila
Ori-ko xoria Ori-la.! ( bis )
Xorittuaren hegalak
arin aidia bezala...
Gaztek begira dezala
azkar euskaldun odola!
Jin bedi gure artila
Ori-ko xoria Ori-la.! ( bis )
Xoriak jiten zauzkula
huts egin gabe sekula...
Lehenik bat, gero mila
xortak egiten ixtila...
Jin bedi gure artila
Ori-ko xoria Ori-la.! ( bis )
Xoria izan dadila
euskaldun gazten mudela!
Mutiko ta neskatila,
ziauzte denak sor-lekila!
Jin bedi gure artila
Ori-ko xoria Ori-la.! ( bis )
A 20 ans ,vue d'Ariège, elle était mon Finistère pyrénéen.
Lorsque j'y montais en 1975 , pour la première fois, je rentrai fort déçu de ne pas y voir la mer à ses pieds.
On m'avait aussi assuré que du sommet j'y apercevrai les Picos de Europa .
Que nenni !
Tout au plus, on pouvait chatouiller du regard les sierras de La Demanda,Moncayo (Rioja) , Anboto ou Ranero (Bizkaia), ce qui n'est déjà pas si mal.
Depuis, j'essaie par conviction de la gravir une fois l'an.
Du point le plus éloigné possible , pour en posséder sa dimension, en apprécier sa topographie,cartographier son imaginaire et se jouer du miroir des illusions des images trop vite gravées.
Que de souvenirs partagés dans ces traversées ;
depuis les Forges et le col de Milagate,
par la montée de dite du Gazoduc en hiver,
par Amubi katedralak,
par l'interminable crête partant d'Ardane pekoa,via Otsogorrigaina et Betzüla,
par la marathonienne bambée depuis Otsagabia
ou par la montée dans les frondaisons de Donjujube oihanak.
J'ai aussi appris à la gravir par deux anciens chemins de contrebande et de champignonneurs d'Erraize ou de Sarrantolatze .
Je ne peux plus me contenter des montées depuis Bagargi,Ibarrondoa ou Larraineko lepoa.
Elles me paraissent guimauves et niaises.
Elles ne nous donnerons jamais la dimension épique du massif,
Les routes pastorales ont cassé à jamais le mythe de l'inaccessible.
Heureusement l'hiver est là pour repousser les assauts de la grande foule ,
pour réserver son accès aux marginaux du piolet-crampons ou de la raquette sportive.
La voie d'Orgaate est de ce tonneau.
Longue, incertaine,solitaire, mystérieuse ,sportive ,émotionnelle.
Orgaate c'est étymologiquement la voie des charrettes.
Par le chemin d'Irati-Sorua ,au confluent d'Errekidor et du rio Irati,du temps de l'exploitation de la mature ,existait un passage permettant le passage des troncs. (erreka idorra : vallon sec). C'est ici qu'on trouvait une écluse qui bouchait le rio avant d'évacuer les bois de flottaison.
Ce chemin était situé rive gauche , il permettait ainsi de relier le chalet Pedro (ancienne verrerie) à l'ermitage " Virgen de las Nieves" et les derniers défrichements de Larrau dans la combe d'Urdanitzarreta, situés à une journée de marche du village.
Nous sommes dans le bas-fond le plus reculé ,le plus sombre et inhabité d'Irati ,non loin d'aborreta ,le fortin de l'armée espagnole .
Vivaient ici loups,ours ,isards , il y a moins de cent ans.
La truite ,l'écrevisse et le saumon abondaient ,nous rappelle l'ingénieur Leroy dans son célèbre "traité de la mature" du XVIII ième siècle.
Nous débuterons ce tour par la visite des bois de Balsazarras que nous aborderons par le vallon de Lohibeltza .
Il faudra monter dans un silence quasi monacal pour s'émotionner de quelques possibles rencontres furtives avec la faune sauvage du versant.
La randonnée permettra, après le passage du vallon de Gazterreka,appelé aussi Debata , de gouter à la raideur des pentes des Anazkorras et des visions dantesques sur les à-pics de Zazpigaina.
Du sommet d'Ori , par l'élégante crête de Zazpigaina, on rejoindra à sa guise le col de Tarta puis Milagate
Des tumulus d'Ibarrondoa on pourra remonter éventuellement à Bizkarze.
Rendez vous pour tout le monde , avant l'ultime descente, au col de Leherra .
On s'enfoncera dans la combe d'Urdanitzarreta où ,par un réseau de pistes forestières absent des cartes IGN (2010) , on rejoindra le pont d'Orgaate sur la rivière Irati ,appelée dans cette branche Urbeltza (l'eau noire).
De nos jours ce parcours est emprunté par un réseau de GR navarrais.
Odométrie : Tps : 7h30 de marche ,(le reste en observation et rencontre) 22.31 km de long ,1953 m de dénivelé.
PS : je remercie Grumo et Anne pour le prêt de leurs photos notamment celles de l’arête de Zazpigaina.
Urbeltza au petit matin
borne 231: passage clef vers Balsazarras
Balsazarras ; picea abies
pli remarquable sur Lohibeltza
les bois-futaies de Lohibeltza
Lohibeltza :question d'orientation pure
arrêt technique vers Malkorgaina
bauge de sanglier
œufs de grenouilles
vallée d'Ibarrondoa (Navarra) et la piste qui mène sans interruption à Koista
vallon de Gazterreka :des champs de narcisses poussent ici , le premier de la saison.un peu tôt pour les autres..
Sortie des bois de Gazterreka:clairière |
Dernières pentes avant Ori,dans les vapeurs des fumées acres des écobuages.
Orimendi :la sacrée équipe du jour
de l'Ori vers l'Ouest : quelques points de repère du parcours dans le paysage.
Zazpigaina
Entame du passage aérien
dentelle souletine
passage aérien
deux touristes sur une arête
crête
progression ,concentration
réunion du bureau de l'association...
arista tan bonita
Zazpigaina : les sept clochetons
séance photo
de la pertinence des verres progressifs......face au vide.
Zazpigaina
croix frontière gravée de Zazpigaina
photo souvenir
les tumuli d'Ibarrondo au pied du col de Tarta et d'Orimendi
La cabane ruinée d'Odeitxu (à gauche) |
le chainon de Balsazarras et la sierra de Abodi ,depuis Uthurzarre.
descente vers Orgaate dans les bois d'Urdanitzarreta
fond de carte sur Topopirineos v3.0
track sur Wikiloc
2 commentaires:
heeeeebeeeee là ya bambée!
ça vaut peut-etre pas un Larla débuté à 14h mais c'est pas mal non plus!
Le Béotien
Thanks for a great reead
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