lundi 1 février 2010

Picos de Europa ;traversée Canal de Reñinuevo_Treviso_chemin de la Peña


Canyon du Rio Urdon : traversée Canal de Reñinuevo_Treviso_chemin de la Peña


Autant le dire en préliminaire cette traversée n'est pas destinée au randonneur lambda.
Que atravida ! Pour audacieux.
Elle est difficile ,complexe, dangereuse et à ce titre ne figure pas sur les nombreux topo-guides consacrés aux Picos de Europa.
C’est sous la responsabilité seule du lecteur que cette marche s’effectuera, le chemin pouvant être différent d’une année à l’autre ou selon les conditions météo et mon descriptif s’avérera volontairement sommaire.

Le principe de la traversée .
Le rio Urdon est alimenté par une résurgence de type vauclusienne qui prend sa source à 500m d'altitude et éloignée de 4.2 kilomètre de la centrale électrique placée en fin de vallée juste à l'embouchure sur le Rio Deva (au beau milieu du défilé de La Hermida).
Le bassin d'alimentation est formé des Sierras de Beges, de la Corta puis  en amont de la sierra Mojones et de la Morra de Lechugales et ses innombrables sommets.
On y incluera pas aussi les apports d'eau de la vallée suspendue de Sobra située 500m plus haut.
Au vue de cette journée d'été 2009, c'était bien un débit de 2 m3 par seconde que nous avons pu observer ce qui en dit long sur les quantités d'eau qui sortent du "manantial del Urdon".

Le rio Urdon est très encaissé, impénétrable naturellement.
Pour exploiter le potentiel hydroélectrique de ces eaux la compagnie Electra de Viesgo fit creuser un canal d’amenée entre la source et l’aplomb de la centrale.
Pour l’entretien, un chemin tracé de toute pièce longe le parcours du canal.
Malheureusement le trajet du canal parcourt de nombreux tunnels qui sont impénétrables quand il y a de l'eau. Le sentier adjacent est obligé de monter et descendre au gré des accidents de parcours de la vallée, d’éviter falaises , ravins,précipices ,canyons et cascades mais il n'en est jamais éloigné.

les dangers objectifs
Le parcours de la montée de la centrale d'Urdon jusqu'à Treviso recèle des pièges certains.

Si l'on fait une énumération de ceux ci, on désignera poétiquement les dangers objectifs de la manière suivante :
1)    Passage de tunnel dans l'obscurité au dessus de l'eau courante.
2)    Marche sur la margelle de 30 cm du canal, moussue et glissante, durant des hectomètres (fort débit en dessous), donc effort psychologique soutenu.
3)    Parcours vertigineux par moment malgré les mains courantes
4)    Passages en sentiers rocheux, taillés mais abrupts quelquefois déversant et humides.
5)    Pas d'échappatoire passé le pont suspendu de la Matallana
6)    Sentier sans balisage (donc avoir un grand sens de l'itinéraire)
7)    Pas d’eau potable sauf à la résurgence de l'Urdon.
8)    Il faut bénéficier d’une météo sèche et ensoleillé, ainsi que de 6h de jours. (versant Nord et humide)
9)    Il faut éviter les périodes de débit élevé (fonte des neiges, orages, pluie diluvienne) pour cause de délestage sur le chemin.
10)    Pas de grand groupe car les difficultés ont tendance à ralentir le rythme.

La course :
Du départ de la centrale d’Urdon, il faut rejoindre le canal au point où l’eau rentre dans la conduite forcée verticale. (Caseton de Electra)
C’est sur les flancs du Cuetudave, montagne qui termine la sierra de Bejes au NE, que se trouve l’installation. Pour cela, emprunter le chemin du canal des Aileras quelques minutes après le départ de la centrale. Le chemin monte doucement en zig zag.
Il se sépare pour enter dans le canal de los Vertederos (déversoirs).
Nous primes ce chemin au hasard, mais divers panneaux posés au milieu du chemin nous exposèrent le danger qui est celui de recevoir toutes les décharges d’eau en cas de problème à la centrale…
Cet itinéraire passe dans des falaises abruptes ce qui lui donne un parfum d’aventure.
Il rejoint la « voie normale » peu avant le tunnel de Cantilluco.
Le final du canal des Aileras jusqu’ au caseton de Electra est raide mais sécurisé par des rampes et balustrades.
Le parcours gagne ensuite le tunnel de Cantilluco peu après les pierriers de Calombo.
Le passage de ce tunnel est permis par un socle en lames de ferraille au dessus de l’eau.
(Nécessité d’une frontale).
Après le tunnel, la grandeur du rio Urdon nous saute aux yeux, enserrés entre les sierras de Bejes et Cocon et les parois de plus de 500 m qui domine le cours d’eau.
Des immenses effondrements coupent la rive droite que nous allons parcourir.
La marche sur la margelle du canal commence. Il faut être vigilant.
En cas de doute on peut abandonner et remonter sur le col d’Osina pour regagner Bejes et la Hermida.
Après la Planchada de Osina il n’y aura qu’un seul échappatoire par la Matallana.
Après quelques hectomètres, le tunnel de Los Muertos arrête la progression.
On revient sur le canal après un passage par la droite.
Nouveau tunnel : il s’agit de passer là « la Corona de la Matallana ».
Chemin dans l’épaisse forêt de hêtres et chênes.
Puis à nouveau nous rejoignons le canal.
Quelques encablures après, un nouveau tunnel dans une atmosphère très verticale. Le passage le plus impressionnant du trajet qui peut rebuter : passerelle début XXIème siècle plein vide, un peu brinquebalante. Main courante avant tout, pour le mental.
Il s’agit du « corredor de la Matallana ».
La confiance s’impose.

puis,sentier taillé dans la roche.
De courts et intenses passages hors du canal viennent agrémenter le circuit.
L’on quitte le canal par une nouvelle série de montée-descente dont certaine peut s’avérer impressionnante.
On passera ensuite en plein milieu des parois entaillées par les chutes des "Canal Negra", "canal de Truea" et la "canal de Perilluenga".
Les hauteurs sont stupéfiantes .Mousses et fougères donnent une ambiance toute tropicale.
Le pont en ferraille du rio Chico marque la fin des gros obstacles.

Quelques passages en vire (fajas) quelque peu aspergées à cause des fuites du canal, une centaine de mètre au dessus , nous ramènent à la cabane de Reñinuevo.

On suit de nouveau le canal jusqu'à son abandon définitif lorsqu'on descend dans le lit du rio Urdon au double pont de Las Bardinas.
Belle piscine d’eau bleue et verte.
On arrive  devant le lieu tant espéré: la résurgence du rio Urdon.

Atmosphère émeraude, eau turquoise.
Le tout avec peu de lumière.
Nous sommes partis depuis 4h.
L’altitude a peu bougé (+ 400m) mais le dénivelé s'est accumulé (700m).

Nous entamons la remontée vers Treviso gorgé de soleil.par les marches taillées de Cañimuelle.
200 m sont ainsi avalées pour atteindre la ruine de Llosa cima (690m).
Un curieux monticule de pierre sert d’orri pour les bergers.
Au milieu des chênes du Monte Robredo nous interrompons le périple pour admirer le chemin parcouru.
Un peu à l’écart se trouve un splendide belvédère sur le rio Urdon.
Treviso est encore à demi-heure.
 Passage et arrêt obligés à la Taberna du village. « Picon y sidra ».

Le retour par le sentier de La Peña est avalé rapidement.
Là, la littérature ne manque pas.
Il est parcouru chaque année par des bus de marcheurs en tout genre.
C’est un des produits d’appel du "parque nacional" comme l’est aussi le chemin du Cares.
Il est vrai qu’ils sont indémodables.
Adios la Bargoña et la Ciavedo.
Il faisait chaud et demain par sûr que sur la Peña Sagra, il fasse aussi beau qu'aujourd'hui.


Topométrie :
6h 40 de marche tranquille.  1h 45 d’arrêt.   Longueur 18 km   Dénivelé 1200 m (équipe de 3)


dans le canal des Vertederos


 
sierra de Cuetudave : en bleu le canal,les 2 branches de montée: las aileras (gauche) los vertederos (droite)


sierra Cocon et la Pasa del Picayu (brèche tout en haut des falaises)


le trajet au dessus du rio urdon (vu du balcon de pilatos)

 


le trajet depuis Canimuelle



  
tunnel de Cantilluco



 

  

  

  
  

départ du corredor de la matallana

 corredor de Matallana(pont suspendu un peu branlant)


 

  

  

  

  

  
 



 
 tracé du sentier entre "la canal de Perilluenga", la cabane de Reñinuevo et les marches taillées de Cañimuelle


  
un parfum de tropique dans ce fond de ravin luxuriant 

 
pont del rio Chico


 
le canal horizontal et le chemin qui serpente les flancs de la sierra de Bejes

  
rio Urdon:la bardina

  
double pont de la Bardina

  
accès à la résurgence du rio Urdon



résurgence du rio Urdon

 

  
ruine de Llosa cima



canyon del Urdon vu de Cañimuelle  

  
Treviso et la sierra Cocon




descente du sentier de la Peña : invernales de  Prias

  
descente de Treviso : Le balcon de Pilatos 
  
puente de los Vertederos à quelques minutes de la centrale de Urdon.

 
fin de la randonnée





plan de l'IGN: MTN 25k et plan issu de mapsource Boulan v4.0




8 commentaires:

txominesku a dit…

J'y verrai bien une ligne LGV là dedans. Mais encadrée par une balustrade, comme ça en plus de détruire cette beauté les voyageurs n'en profiteraient pas et n'auraient même pas idée de s'y arréter ou même des regrets de prendre un train pour lequel il a fallu détruire de si belles choses...

Benoît a dit…

ça à l'air drôlement sympa cette balade. Merci pour le topo

Unknown a dit…

Super balade! Chemin de la mature puissance 10, en plus sauvage et plus encaissé. Encore bravo pour votre curiosité et vos reportages. On voyage par procuration. Un vrai régal!... Même si je préfère faire partie de la troupe des chanceux qui vous accompagnent! Prenez soin de vous. Amitiés. Bruno

Borja a dit…

Muy bonito y al ladito de casa!!
A ver si este verano engaño a mi santa esposa y nos hacemos esta "promenade".
Por cierto, me viene bien leer tu blog, a ver si asío practico un poco el francés, que me parece que este año suspendo el curso en la Escuela de Idiomas...
Salut!!

Anonyme a dit…

Très captivante description qui titille mes vibram.Topo au top!
amistats
Ala de Castellnou

Txominesku a dit…

Egina!
très très jouissif, très complète, ludique, exigente, psychologiquement soutenue (comme toute gorge qui se respecte ça n'en finit pas!), une ambience à la fois méditéranéenne, tropicale, et une eau froide et sombre comme on n'en trouve que dans les Pyrénées, puis bleue turquoise à se croire en Corse. Fin avril les flots d'eau issus de la fonte des neiges laisse au randonneur une surprise mémorable au fond des gorges. A ce sujet certains passages deviennent particulièrement compliqués en cas d'eau abondante sans possibilités de les éviter, attention donc.
Segi holola, laster arte, agur

Mendiz mendi a dit…

je savais bien que ça te plairait ce petit bout de chemin dans les Picos.
tu rajoutes dans tes propos un inconvénient que je n'avais pas perçu lors de l'étiage à savoir le débordement du canal.
maintenant je comprends que ça a du être "coton" par moments.
difficile de reculer dès que l'on est engagé.....

txominesku a dit…

effectivement, et ça nous est arrivé, après avoir manqué une bifurcation/sortie du canal. Lorsque la margelle est dédoublée avec pied gche en haut, pied droit en bas, vide à droite, canal fort débit à gche, et qu'il faut faire demi-tour, il faut de longues minutes pour se reconfigurer les choses et passer pied gche en bas, pied droit en haut, canal fort débit à droite et vide à gche, d'autant que tant que l'on sait que l'on est sur le bon chemin l'appréhension est moindre, quand on réalise qu'on est en zone sauvage ce n'est plus du tout la même aisance, même si le tronçon est le même...