jeudi 8 mai 2014

le Kintoa entre Ostabarret et Cize

avis : cet article n'est plus soumis à mise à jour à partir du 19 juillet 2014 .
le nombre d'information qui nous est accessible depuis peu, rend caduque cet article qui n'était pas assez organisé .
il faudra se rendre sur la page de juillet 2014 pour être informé des dernières trouvailles.
le 8 aout nous avons un rendez vous important pour consulter le document de 1899 qui décrit le bornage de 1900 avec précision .
Rdv donc sur la page :  
http://arroileta.blogspot.fr/2014/07/kintoa.html

Dernière mise à jour :
16 juillet 2014 : mise en forme par numérotage des points du Kinto ou de la ligne divisoireCize-Ostibaret
15 juillet 2014 : Gillenberro (nouvelle borne: article 15) + Olhobi (une croix gravée ,) + Azarza Bizkarra (vagabondage sur la limite Ostibar-Cize: article 16)
1er juillet 2014 : Signal "n" d'Alhamendi du canevas trigonométrique du 20/10/1839 sur le point 12
30 juin 2014 ; Azketa photos + Gillenberro (problématique) + plan Gillenberro refait + borne 1
Cet article fait le point sur les recherches que l'association de montagne Auñamendi (FFME ) a entrepris dans le pays Quint (avril-octobre 2014) , situé au cœur des massifs montagneux d'Hauzkoa-Harrozkoa et du Belchou-Belxu, à cheval sur les territoires syndicaux de Cize (Cissa) et d' Ostabarret (Oztibarreko lurra) , accolé à la Soule .

(en version graphique moderne de l'euskara batua nous utiliserons le terme Kintoa aussi souvent que possible, ainsi que l'ensemble des toponymes admis par les acteurs actuels pour les autres noms de lieux; par contre nous utiliserons les noms écrits à l'ancienne quand le contexte s’imposera)
Eh oui, là bas, existe aussi un pays dénommé Quint , homonyme à celui du territoire situé au dessus d' Aldude-Urepel-Zibeti-Eugui ,dont nous nous appliquerons à travers cet article, de décrire la définition géographique et une première approche socio-historique, sans prétention, compte tenu de l'immense travail d'historien qui sera nécessaire pour sa parfaite connaissance .
Nous pensons par là en vulgariser la connaissance aux amateurs d'histoire et de randonnées de la montagne basque.
Un précédent article de ce blog ,traitant d'une traversée des Arbailles-Arballak , vous avait initié à ce point assez méconnu de l'histoire de la Basse Navarre:l'existence du deuxième Kinto d'Iparralde.

L'oubli est la condition indispensable de la mémoire ,disait Alfred Jarry .
A part Jakes Casaubon ,ancien d'Aunamendi ,érudit ,chercheur infatigable ,aucun interlocuteur ,même élu ou permanent des commissions syndicales actuelles ,n'a pu nous instruire sur le pourquoi du comment.
En guise de départ ,ce fut les mentions sur certaines feuilles cadastrales des zones de montagne d'Hosta et de Lecumberry ,cartographiées dans les années 1832-1845, peu répandues dans le grand public, qui nous avaient mis la puce à l'oreille.
Ce Kintoa,précurseur des syndicats intercommunaux, sans utilités économique et politique de nos jours , possédait ses propres règles . Il a été dissous de facto dans les règlements généraux des commissions syndicales dès qu'elles furent instituées en Pays Basque lors du décret de Louis Philippe de 1838 .
Ce décret instituait, entre autre ,la gestion des terres indivises des cantons ou d'un ensemble de communes.
Aujourd'hui le Kintoa est constitué à 25-30% de propriétés privées ,le surplus restant en indivis entre Cize et Ostibarret .
La paix et la sérénité ont gagné les hauteurs des montagnes d'Harrozkoa et d'Alhamendi ,grâce aux financements (subventions européennes) et aux équipements publics construits depuis les années soixante .
Ceux-ci ont aplani les difficultés et les motifs ayant alimenté le climat de discorde durant près de trois siècles .
Il ne faut pas être grand clerc pour deviner qu'au XVI ième siècle et bien avant , la problématique des montagnes devait être la suivante:
L'eau et les forêts étaient situées sur les pentes Nord ,coté Ostibar .
Les bêtes pouvaient s'y mettre à l'ombre et sous le vent et les sources d'Usteburu ,d'Asqueta ,de Gaztelzarre ou de Buralde devaient être très prisées par le bétail.
Les pâturages et les parcours étaient situés du coté de Cize-Garasisur les hauteurs Harrozkua-Olhobi .

Les gens d'Ostibar devaient lorgner d'un sale œil, les immenses étendues d'herbage, inondées de soleil qu'ils désiraient pratiquer au gagnage de "sol à sol".
Devant l'incrédulité de certains de mes congénères sur la véracité de cette histoire ,je me suis lancé avec quelques montagnards motivés d'Auñamendi ,dans des recherches "in situ" à partir de documents historiques que je connaissais depuis une vingtaine d'années ,en particuliers la copie privée de la minute établissant l'accord Garasi-Ostibar (dans le texte) du notaire-royal Dindaburu de Bunus et l'ensemble des cadastres napoléoniens aujourd'hui numérisés et disponibles sur le site du CG64.
L'acte témoignant de la création du Quint entre les pays de Garasi-St Jean et Ostabaret date du 15/10/1759..(version actuelle Garazi-Ostibarret)

l'acte de naissance du Kintoa d'Ostibaret -Cize en 1759.
Il nous manquera désormais l'examen des sentences arbitrales de 1540 et 1676 pour faire le tour de la question d'un point de vue purement historique .

Je ne doute pas qu'un jour, quelques étudiants en Histoire , sauront les retrouver et en extraire les substances inconnues à nos savoirs et qu'ils en diffuseront la totalité de la connaissance.
En attendant cet article est écrit pour faire le tour de la propriété Quintoa .

Une première visite , début 2014 ,nous a permis d’ apprécier le contour du Kintoa et de faire la connaissance de deux anciens bergers et d'éleveurs actuels.

Les acteurs de l'occupation permanente (bergers-cadets-charbonniers-bucherons-scieurs-..) ont disparu des montagnes basques entre la première guerre mondiale et l'émigration massive vers les USA ,soit entre les années 1920 à 1960.

L’absence d'occupation pérenne s'est accentuée certainement avec la disparition des derniers grands prédateurs nous avait confirmé l'ethnologue-préhistorien Jose Miel Barandiaran .
(Rappelons le dernier ours abattu vers Alçay en 1970).

Les routes ou pistes facilitent le transit des éleveurs et bergers entre les parties hautes et basses des vallées.
Ils en profitent pour monter le matin et descendre à l'exploitation l'après midi ou le soir.
Les éleveurs ont remplacés les bergers , aujourd’hui .
Ils ont une plus grande technicité dans l'élevage et la production laitière ou de viande ,mais ne demeurent plus en montagne de façon permanente.
Au vu des cayolars et des bordes qui tombent en ruine (dans les parties non accessibles aux engins motorisés) , quasiment inoccupés ou devenus des résidences secondaires ,
on ne peut que constater que les montagnes se vident de ses hommes .
Rares sont les informateurs, même âgés, qui connaissaient dans les détails l'existence de cet indivis du Kintoa qui concerne une partie des communes d'Hozta-Beorlegi-Lekunberri (Hosta-Behorleguy-Lecumberry) .
Le dernier berger Mr Gaston Zubiat de Gillenberro ,décédé en 2010 , grand connaisseur de la zone ,a emporté avec lui un grand pan de l'histoire des monts de Cize et d'Ostibarret.
Le Quinto (KINTO) a été créé entre Garasi et Ostibar ,sous l'ancien régime ,(avant 1789) mais l'organisation administrative issue de la Révolution l'a délégué aux 3 communes précitées puisque la nouvelle organisation administrative (issue de la Révolution) donnait primauté aux communes ,ne créant que des BND (biens non délimités) pour définir les indivis.
Dans un chapitre des documents utilisés (PV intercommunal) ,il est noté que les lois françaises n'acceptent pas de territoire indivis entre communes sans attribution territoriale communale .
C'est pour cela, quand le contour de l'indivis appelé Quint (Kintoa) fut connu et accepté par toutes les parties, tant en bornage qu'en surface, on attribua par une ligne divisoire fictive, la part de l'indivis sur le territoire communal respectif de chacune des trois communes suivant la règle du "droit-soi" comme on la dénomme souvent en terme de partage de ruisseau ,de chemin ou d'autre indivision.
S'il faut sauver par les images, ce point d'histoire d'Iparralde et de Basse Navarre , louons ici , les qualités du WEB 2.0 des années 2000 qui permettront aux randonneurs et promeneurs des monts de Cize et d'Ostibarret ,qui sans l'amnésie de la carte postale touristique d'un Pays Basque stylé "Ramuntxo" ,découvrirons un Pays basque authentique ,brut .
Ils apprendront que les verts et paisibles pâturages d'aujourd'hui, ne furent pas que des lieux de paix , d'entente et de cordialité.
Les conflits économiques et territoriaux ont, pendant près de trois siècles , résonné d'un autre bruit que celui des sonnailles.
Une fois l'inventaire terminé ,il sera proposé aux habitants des Vallées et aux Commissions Syndicales de se réapproprier leur histoire ,en organisant notamment un sentier de randonnée thématique.
Il faudra aussi penser surtout à la protection et à la surveillance de ces repères avant que les pluies acides , les mousses ou les lichens ne les dissolvent définitivement.
D'après les plans de 1832-1845 (établissement des nouveaux cadastres) et le pointage des points d'inflexion du Kintoa , nous avons affiné la mesure de l'indivis.
les limites ,bornes ou repères du "Quinto" Cize-Ostibarret
périmètre : 11.86 km. surface : 2.282 km2 soit 228 hectares. cartographie réalisée avec Global Mapper .
le tracé de l'indivis sur une orthophoto.



RAPPEL DES FAITS HISTORIQUES


Entre Garazi et Oztibarre (Ostabaret ou Ostibar) ,à cheval sur les territoires communaux d'Hosta , de Behorlegi et Lekunberri ,existait cet INDIVIS de 228 hectares ,de 12km de pourtour et de 13 marques géographiques définies par un accord , notarié à Bunus chez le notaire royal Dindarieta qui se nomme PAYS QUINT ou en forme moderne KINTOA.

C'était un indivis de pâture et bois issus de 3 sentences arbitrales :

du 28 septembre 1540
du 22 septembre 1676
du 13 juin 1728 , 
et ayant fait l'objet d'un "expertage" et premier abornement le 12 septembre 1541, puis d'un second en 1728.

(sur les PV communaux de 1832 et 1840 on parle de "rochers croisés" pour situer les points d'inflexion du Quint )

Le véritable abornement définitif semble dater des années 1900 ,puisque la plupart des marquages retrouvés en 2014, porte cette date de référence.

Cet accord fut mis en œuvre définitivement et signé (Cize et Ostibar) par les parties le 21 Novembre 1765 suite à la transaction passée

par Messire Jean Valentin ,Baron de Lacarre ,châtelain de Navarre ,commandant du port du Royaume ,colonel du milice de la chatelainie de St Jean Pied de Port ,lieutenant du roi en la citadelle de St Jean Pied de Port, magistrat en chef du dit "Pays de Cize"
et
Messire Clément ,Baron d'Uhart ,grand baillis du dit Pays d'Ostaberet ,commandant la milice d'icelui ,

"pour rétablir harmonie ,union et concorde entre voisins".

tout le gratin de l'époque des deux vassalités fut aux manettes pour établir ce traité de compascuité définissant limites et règles de l'indivis entre les pays de Cize et d'Ostabaret .

Près de 14 jours de transaction sur le terrain et en coulisses furent nécessaires pour établir une solution convenable.
Sa signature fut soumise à trois notaires royaux Mirande et Dutits de St Jean Pied de Port et Tomma de St Palais .
Au passage, on y notera le terme "la généralité du pays d'Ostabaret" pour désigner la partie Ostibarret.

Parmi les protagonistes, on relèvera Domingo Larramendy de Suhast en Mixe ,Pierre d'Iphahar de Lasse en Baigorry et d'une dizaine d'autres maitres de maisons nobles , qui ont participé et signé le dit document.
Dans la traduction "in extenso" ultérieure de l'acte ,ceux ci seront nommés.

"il a été formé un Quint ,..,en tirant ,selon les unanimes prétentions respectives ,deux alignements parallèles , " "lequel Quint .... sera commun à l'avenir aux habitants de Cize et d'Ostabaret "
"fait pour le droit de parcours et intrusion ou de compascuité de leurs bestiaux ,fait pour l'exploitation du bois et forêt qui se trouvent enclavés ,pour leur chauffage ,"
et d'en limiter l'exclusion de partage...."

Il ne fut pas aussi oublié le droit de carnal (capture) pour le bétail qui s'échappait la nuit hors de la limite et qui n'était autorisé à paitre que de "soleil à soleil" de chaque coté de l'indivis .
"à l'exclusion de ce qui ont été faits par le nommé Elgart d'Hosta au quartier qui servait jusqu'alors pour la chasse du loup ,"


Un additif du 15 novembre 1765 précise (certainement pendant la signature définitive)

"cette transaction contient désistement de l’instance pendante en la cour à ce sujet" .
les caractéristiques géographiques des points de marquage seront souvent des bornes ou croix gravées avec le chiffre 1900 et des croix non datées pour les précédents bornages.

1- Gillenberro (croisement des droites issues des 3 bornes 11,12,13 ) (extrémité Est du Kintoa)

2- Akokoharri- ou Gonga (en époque moderne) (gravure)

3- Montsutalarre-ou Larrentzu (en époque moderne)

4- Olhobi Kaskoa (gravure)

5- Apessoro-Bidegain (rocher proéminent)

6- Burganze (extrémité Nord du Kintoa) pierre gravée aux 3 noms Ostibar,Quinto,Garasi

7- Etcheverry (coin de borde) pour tenir la droite du Kinto depuis la borne 6.

8- Buralde (fontaine de Buralde borda) (borne)

9- Azketa (fougeraie d'Ansola) (rocher gravé)

10- Argote (rocher gravé ,poste proéminent de surveillance de chasse ou canton dominant le sel d'Argote)

11- la pierre d'Esti ou d'Elçarre ou d'Olhatua (borne triangulaire Ostibar-Garasi-Soule mais comportant un chanfrein pour la dénomination Quinto)

12 - le rocher croisé d'Alhamendi (non repéré à ce jour)

13- Gillenberrosaro (rocher borné)

14 - Hostasaro (pierre borne taillée et couchée)

15- une borne sur l'ancienne limite Ostibar-Garasi près de Gillenberro.

16-Azarza Bizkarra (sur la limite Ostibar-Cize) : deux pierres gravées et une borne ciment entre Hosta ,Ibarolle et Bussunarits-Sarasquette (limite Ostibar-Garasi)

Chaque inscription gravée "Quinto" est toujours dirigée vers l’intérieur de l'indivis.
l'appartenance "Ostibar" ou "Garasi"est gravée sur la face opposée à celle gravée Quinto .
( on notera le gravage Soule pour la pierre triangulaire d'Esti)

1-GILLENBERRO

La tête du Kintoa à Gillenberro.
non retrouvé pour l'instant .
c'est le milieu de la ligne reliant les 2 points Gillenberrosaro(13)-Alhamendi (12).


Deux ifs se trouvent dans la zone prospectée qui pour le moment n'a rien donnée.
une borne devrait y avoir été posée au terme de l'accord de 1765 par les administrateurs lorsque ce point sera déterminé.
afin de rendre la ligne plus apparente, ils en feront planter deux autres intermédiaires (entre Elçarre-Esti-Olhatua et ce milieu )


la zone "tête du Kintoa".

description du point tête du Kinto .

En vertu de cette transaction dans les lieux désignés n’ont jamais été placées (les bornes) et que les administrateurs des pays d’Ostabaret et de Cize sont dans l’intention de fixer invariablement les points qui déterminent la ligne séparative des deux pays lorsque l’arpentage de la commune de Hosta aura lieu et qu’ils auront été graphiquement déterminé par le géomètre chargé de l’arpentage, nous avons examiné les lieux indiqués dans les titres et tracé notre croquis visuel ainsi qui suit.

Du point d’Olhatoua (Elçarre ou Esti) la ligne séparative se dirige sur un point au milieu de la ligne qui joint Alhamendi à Guillemberro, où messieurs les administrateurs feront planter une borne lorsque ce point sera déterminé et afin de rendre la ligne démarcative plus apparente, ils en feront placer deux intermédiaires.

De ce point il fut convenu entre les deux pays et cosigné dans la transaction de 1765 de reconnaitre comme indivise un vaste terrain connu dans le pays sous le nom de QUINT qui se termine au lieu appelé Burgancé mais comme d’après le règlement sur le cadastre il ne peut y avoir deux lignes séparatives entre deux communes et l’administrateur d’un pays ne voulant point céder à l’autre la juridiction de toute la partie indivise ,il a été convenu de la partager en deux parties égales en partant du point où elle commence et allant aboutir à l’autre extrémité au lieu dit Burgancé et d’attendre pour déterminer cette ligne mixte que le plan de toute la partie indivise soit levé .

Nous allons décrire ci ailleurs, la ligne qui contourne conformément à la transaction de 1765 le terrain indivis …..

La problématique de Gillenberro

Dans l’accord enregistré par Me Dendarieta le 15 novembre 1759, transaction passée entre le baron de Lalanne, châtelain et autre commissaire de Cize et St Jean (Pied de Port), et le baron d’Uhart baillis ,autre commissaire du pays d’Ostabaret, il est écrit :

Article 1
« de la pierre borne triangulaire qui a été trouvé existante au quartier d’Elçarre dans un vide d’un petit vallon parsemé de bois de hêtres ,qui fait séparation du territoire du dit pays de Cize et d’Ostabaret d’une part et d’autre ,et de tous deux avec le pays de Soule ,le nouvel alignement qui fixera à l’avenir la séparation du pays de Cize avec celui d’Ostabaret ,ira directement à une borne qui sera plantée entre Alhamendichipi et Gillenberro saro au beau milieu en sorte que cet alignement partagera désormais en deux le terrain qui refermait jusqu’à la dite borne ,l’ancien alignement prétendu ,dont celui de Cize allait de la dite borne d’Elçarre au dit Alhamendichipi et celui d’Ostabaret partant de la dite borne d’Elçarre au dit Gillenberro saro ,et comme en deux bornes seront éloignées l’une de l’autre ,il en sera planté deux autres dans le même alignement pour en rendre la direction apparente de façon que la borne à planter entre la dite Alhamendichipi et Gillenberro sera la quatrième. »

Article 3
« Comme la bergerie de Gillenberro Saro, que le nouvel alignement laisse de coté de Cize et St Jean (Pied de Port), n’est exploitable pour les habitants que hors de l’hiver, et qu’elle peut être très utile dans la dite saison pour le dit pays d’Ostabaret il a été arrêté qu’il sera loisible aux habitants de ce dernier pays de l’exploiter les mois d’octobre, novembre et décembre de chaque année, ce qui a été convenu pour le maintien de l’union des parties »

il faut aussi comprendre que la contestation a commencé à la pierre d’Esti (ou d’Elçarre ou Olhatua )


Ostabaret-Ostibar revendiquait la ligne « Esti-Gillenberro »
Et Cize-Garasi revendiquait la ligne « Esti-Alhamendichipi »


C’est pour cela que les administrateurs des deux territoires ont créé cette ligne fictive en prenant comme départ , le milieu du coté allant de la borne de Gillenberrosaro à la croix croix d'Alhamendi Chipy ,puis ont décidé de joindre ce point à la borne d'Elçarre ,reconnue des parties car elle concernait aussi la Soule en sa limite vers le pays de Cize et Ostabaret.



La tête du Kintoa se trouve à la moitié de la ligne Gillenberro saro à Alhamendi chipy .


Document de 1832,confirmé en 1938 ,
la limite communale Hosta-Behorlegi se trouve sur la ligne formée par la Borne Triangulaire d'Elçarre (ou Esti ou Olhatua, nom du cayolar en ruine qui se trouve à proximité) et la tête du Kintoa telle que nous venons de la décrire à la phrase précédente.
La borne triangulaire d'Esti porte le numéro 60 de la délimitation générale de la Soule.

Elle est appelée triangulaire car elle réunit ici les trois territoires de Cize ,Ostibarret ,Soule .
En basque Garazi, Ostibar ,Xiberoa.


extrait du PCN(plan cadastral napoléonien) de Behorlegi



les alignements de Gillenberro et la dénomination d'un point appelé Saro



autre agrandissement

2- Rocher de Akokomunho ou Gonga

Après avoir traversé les sels d'Elhorta ,nous rejoignons le site d'Akokomunho .

La mémoire collective a remplacé ce mot ,remplacé aujourd'hui par Egurmendi ou Gonga.

Sur le plan de 1840 , il est indiqué :
"rocher portant l'inscription au Nord de Quint ,au sud celle de Garaci."

Un informateur me dit que le rocher est appelé Gonga de nos jours.

A propos du mot Gonga : il s'agirait d'une mesure de litrage, d'après le dictionnaire Lhande, correspondant à 28 litres.(en français la conque ??)



cels ou scels d'Elhorta en forme de huit



nous nous dirigeons vers Akokomunho



le site d'Akokomunho

La gravure se trouve près de l'épais buisson d'aubépine (elorri xuri)

Retour sur la quartier d'Elhorta .


Quelques jours après ,une meilleure visibilité nous offre la gravure recherchée en pleine figure.

pourtant nous sommes passés 20 fois devant cette gravure qui n’apparait que quand il y a du contraste lumineux .



la gravure d'Akokomunho dans son environnement.

la position de la gravure est trouvée à 2 m de la position donnée par le plan de 1850 au 1/5000.

incroyable ....



Cette gravure n'avait certainement plus été admirée depuis des lustres.

Quel magnifique "GARASI" en direction de Behorlegi ,

et toujours l'inscription QUINTO en direction de l'indivis.

Pas de date trouvée sur la gravure.



Nous quittons Akokomunho ,nous nous dirigeons vers Hostasaro.



A coté des scels d'Elhorta les points Acocomunho et Hosta Saro



3- MONTZUTALARRE (appelé LARRENTZU en 2014)


il vaut mieux aujourd'hui évoquer le toponyme actuel car plus personne ne connait ni n'emploie le mot Montzutalarre.lu aussi sur un document le terme :Montsoutabourne ..

Sur le PV intercommunal de 1840 ,il est écrit "point de Moussutalarre ,point indiqué dans le titre où sera planté une borne"

un rocher proéminent aurait pu faire l'affaire.

Mais aucune gravure ou borne trouvée lors de la première visite .



le rocher de Larrentzu-Montsutalarre dans son environnement.

les points W de l'indivis du Kintoa Cize-Ostibarret apparaissent .

il s'agit des points Burgantzi-Buralde-Apessoro-Olhoby.



le point présumé de Montsutalarre se trouve dans ce carré de montagne.

Pour la problématique linguistique, d'après le dictionnaire Lhande," Munhatsa" est une colline ,"larre" désigne en montagne , un parcours libre .

larrentzu : petit parcours .
4- Le ROCHER d'OLHOBI
le document de 1850 d'Hosta évoque le "sommet d'Olhoby pris dans le point indiqué dans le titre qui porte rocher croisé en 1728 dans le quartier Larrenchue et Olhoby qui n'a pas été trouvé "

sur le plan de Behorleguy de 1850 ,on ne parle que d'un genévrier .

aujourd'hui "nada de nada"......mais l'entité géographique reste .

au point théorique ,le plus haut ,on trouve un aubépinier "elorri xuri".
qu'en penser?

d'après le dictionnaire de Lhande, "Olho" désigne la folle avoine ,le "bi" final serait à attribuer au grain ......
à confirmer..



le sommet d'Olhoby :une visite supplémentaire au peigne fin s'impose.



Olhobi dans son environnement depuis le haut des palombières de Behorleguy.

on devine l'alignement Olhobi-Montzutalarre-Akokomunho .



il sera bien difficile de déterminer ce point précisément.

le 5 juillet 2014 : retour à Olhobi

nous affinons nos mesures et nos hypothèses.



la théorie et la pierre dressée et taillée



la gravure est vraiment usée ,mais on devine quelque chose.....



vue depuis Olhobi.


5-ROCHER APEZBERRO -BIDEGAIN


Commencent maintenant les difficultés de la recherche "in situ" .

Sur le plan de 1840 ,en notre possession, il était inscrit

"un rocher apparent xxxxx celui indiqué dans le titre ,qui n'a pas été trouvé,situé entre une prairie d'Apezberro et un pré de Bidegain"

D'après les indications de 1840 ,il avait été déjà était difficile d'interpréter la sentence de 1759.

C'est donc un certain rayon de recherches de plus de 100 m de diamètre qui nous est proposé.

Nous avons retenu une belle pierre remarquable et un peu plus lissée que le reste des pierres du coin,entre deux anciennes prairies, proche du mur qui fait séparation entre Lekunberri et Beorlegi.

Le suffixe berro est à rattacher au terme moyenâgeux de "broussaille" .(cf Orpustan)

C'est sur, il faudra revenir dans ces parages munis de renseignements supplémentaires.

la pierre présumée



hêtre près de la pierre d'Aphessoro -Bidagaina


la pierre dans son environnement :le champ d'Apesoro en bas et Bidegaina en partie désormais boisée ,mais un scel existe sur la parcelle



Apessoro-Bidegain désigné sur le plan de Lecumberry(la borne devrait se situer sur un coin du sel)



Apessoro-Bidegain désigné sur le plan d'Hosta
6-ROCHER DE BURGANZE

le rocher de Burganze (ou Burgaintzi) c'est le point le plus septentrional qui fut le point le premier recherché.Les deux lignes Sud et Nord s'y rejoignent.


il porte les inscriptions "1900 -Garasi-Ostibar-Quinto"puisqu'il définit ces 3 limites.

En 1840 ,il est défini ainsi:
"point indiqué dans les titres sous le nom de rocher de Burgance" où Mrs les administrateurs de deux pays doivent planter une borne ".

le date de la gravure est 1900 .
c'est avec une certaine émotion que nous allons retrouver ce rocher.

Ce fut un jeu d'enfant,car il fut l'objet d'un mesurage antérieur en coordonnées spatiales à +/- 3cm .

Il n'en sera pas de même pour les 13 autres points que nous nous sommes fixés de mettre à jour.

La roche de cette marque est en mauvais état , en train de se déliter sous l'effet des actions de l'eau ou de la gélifraction (2014) ,mais les inscriptions sont toujours visibles.

Il faudrait une protection en résine car son état de conservation est préoccupant.


le marquage Quinto sur le rocher de Burganze.
Ouf !! on a fait taire les septiques.

à coté ,Garasi gravé sur un mauvais calcaire .

sur l'autre face 1900-Ostibar

Cette roche dépasse de peu du sol et est difficile à trouver sans coordonnées satellitaires.


face Ostibar


la face GARASI en train de se déliter



rocher de Burgaintzi sur le PCN de Lecumberry (PCN:plan cadastral napoléonien)


7- borde d'Etcheverry

Pas très loin de Burgance ,les rapports des années 1832-1845 porte mention d'une borde d'Etcheverry aujourd'hui sur la limite Hosta et Bussunarits-Sarasquette.



Elle soutient la droite issue du rocher de Burgance ,point extrême du fuseau du Quinto.Un four à chaux agonise à coté.



Le coté de la borde qui fait le début de l'alignement sur le rocher de Burgantzi-Burgance

8-FONTAINE DE BURALDE

Facile à trouver , il faut suivre le chemin rural de Buralde à la montagne .

il est écrit dans le titre "fontaine de Buralde" .

il existe une borne de cinquante cm de hauteur.

2 faces gravées : "Quinto" - "1900 Ostibar"



la face vers le Quinto



la face vers le syndicat d'Ostabaret
9-AZKETA (Asqueta)

située sur la commune d'Hosta à quelques distances de la ferme Ansola .

dans le PV de reconnaissance ,elle est située au dessus de la fontaine d'Asqueta ,dans un terrain d'Haraneguy ,en bord de la fougeraie d'Ansola.

Le plan de 1840 n'est pas trop imprécis sur sa localisation .

Le Géoportail de l'IGN nous place la borne à 50m du lieu où nous l'avons retrouvée sous un épais manteau de "sasi" et de broussaille .

La face "Ostibar -1900" est bien visible en direction d'Hosta.

la face quinto en position horizontale s'érode inexorablement.

Son positionnement nous donnera bien des explications pour les recherches futures .

Il y a longtemps que personne ne l'avait pas remarquée .

Elle était connue de l'ancien patron de la maison Ansola ,Mr Uhart.



rocher caché dans les fougères aigles



la face Ostibar-1900 ,cachée avant notre venue sous les ronces et le maquis.



le rocher biface



la face quinto et la maison Ansola


la borne d'Azketa dans son environnement et les points les plus avoisinants.le Kinto se développe entre Montzutalarre et Alkorte



la borne d'Azketa ou point A sur le plan napoléonien et les emplacements des sources Asquette , Gasteluçarre et Anchola en limite de Kintoa ou incluses dedans.



la fontaine d'Azketa (foto Joanes Sorogain)
10- Le rocher d'Halgorte

Sur le plan Napoléonien ,il est désigné "Hagorte".
Les gens l'appellent, de nos jours, Alkorte.
Ce qui est plus louable ,dans la mesure où ce rocher ,qui marque la ligne la plus longue du Kintoa ,se trouve au dessus d'un magnifique sel (scel ou kortia ou saroi comme nous les citons souvent dans ce blog) .
Pré entouré d'un mur de clôture , aujourd'hui envahi par la forêt.

La distance à la tête du Kinto (Gillenberro) est de 3.288 km environ.

Alde kortia : à coté du kortia ??

Point haut ,Alkorte devait être aussi un lieu de cantonnement de chasse.

La notion de cantonnement est applicable au point stratégique de la chasse au lièvre en vigueur au XIX siècle.

(le sanglier, espèce introduite n'existait pratiquement pas en Pays Basque à cette époque) .



Le rocher d'Alkorte était recouvert d'un épais manteau de lierre .

(Une heure après notre arrivée la face Ostibar est dégagée)




Alkorte dans son environnement .Nous avons défriché l'ensemble du rocher.


la face versant kinto ,dégagée peu après .



Hagorte sur le plan napoléonien et la fontaine Usteburu comprise dans le Quint

11-La pierre triangulaire d'Esti ou d'Elçarre ou Olhatua (déjà repérée en 1832)



vue vers Etxekortia



la gravure vers la Soule-Xiberoa


la face vers Ostibar (le même graphisme que toutes les bornes trouvées depuis Burgaintzi-Burgance à 7 km de là ) la gravure date de 1900.



La facette qui sert pour la détermination du milieu de la ligne Gillenberrosaro et Alhamendichipy , est gravée de la marque Quint-Kinto .Cette borne ne fait pas partie territorialement du Quinto mais sert à définir l'abornement de 1759 et participe à la définition d'un des points essentiels du Kinto à savoir son extrémité Sud-Est.

De la vraie géométrie appliquée sur le terrain.



la pierre d'Esti ou d'Elçarre sur le PCN de Behorleguy



le cayolar Olhatua, mentionné dans les rapports de 1835, qui donne son nom à la borne toute proche .

(Elçarre ou Esti ou Olhatua)(olhatu en basque est un verbe qui désigne le fait de pâturer) .

12-la croix d'Alhamendi chipi

ici déception totale .

pas de marque flagrante.Nous chercherons dans un rayon d'une centaine de mètres tout ce qui pourrait paraitre trace de gravage ou façonnage sur les roches environnantes.



le point théorique Alhamendi chipi.



A cet endroit se trouve une grosse entaille dans le rocher .

Peut être que la croix est aujourd'hui sous la mousse.

Il pourrait s'agir de l'emplacement d'un signal ou balise géodésique antérieur .
En entrant dans ce trou , un tronc de bois droit ,à la verticale , étayé , peut se voir d'assez loin dans le secteur.Ce signal devait faire la liaison entre Hosta et Harrozkoa.
C'est sur qu'il va falloir nettoyer des rochers par ici .


A cent mètres de là ,un semblant de marquage sur un point haut du plateau.

pure invention ?? ou l'ancienne marque du signal "n" dit Olhamendy dressé le 20 octobre 1839 lors de la triangulation de Behorleguy.





Par contre ,à deux mètres près en coordonnées CC43 ,nous retrouvons le vieux cayolar d'Alhamendi.

Alhamendi signifie en souletin , "la montagne du cayolar avec une charpente démontable chaque année".

13-Gillenberrosaro
(traduction :le cayolar avec son parcours de Gillenberro)
Ne pas confondre ce point avec celui de Gillenberro (article 1)
Grâce au berger actuel ,à l'éleveur occupant ,le rocher couvert de mousse est dégarni et laisse apparaitre les inscriptions invisibles à l’œil nu.(photo Joanes Sorogain)
Elle est bien située près d'un ancien corral naturel au creux d'une doline.
elle a été retrouvée avec une précision de 2 mètres.
l'équipe de recherche
la face Garasi à peine visible
la face dirigée vers le quinto.
cette pierre n'est pas en limite du Kinto mais en marque un des alignements .

14-HOSTASARO
le point de délimitation entre Gillenberro et Akokomunho s'appelle Hostasaro.
le cayolar d'Hosta avec son parcours.
il doit s'agir de celui dénommé Harrozkoa sur les cartes.
ce cayolar fut certainement celui de l'objet des disputes qui ont traversées le temps.
aujourd'hui il est revenu dans le giron des bergers de Cize.
il n'est pas rénové comme les autres cayolars de la zone Harrozkoa-Beorlegi ,ni desservi par l'eau.
cependant la piste y accède.

en 1824 , la présence de cette borne n'avait pas été évoquée.

Sur le titre d' Hosta, il est écrit ;

"Hosta Saro point évoqué dans le titre où Mrs les administrateurs doivent planter une borne"

Nous le trouverons avec une précision de 7 m.

après plusieurs échecs sur des points précédents ,

cela réconfortera nos sources et la fiabilité de nos titres et données.

"Hosta saro" signifie le parcours pastoral d'Hosta



la borne d'Hostasaro dans son environnement .vers l'West.



la borne d'Hostasaro avec la marque QUINTO



la face Garasi était enfouie sous l'herbe

15-une borne intermédiaire entre Esti et Gillenberrosaro


cette borne nous a été indiqué par Dominique Zubiat ,le fils de l'ancien maire .

Quand on prend l'alignement Esti -Gillenberrosaro ,ligne revendiquée par ostibar avant l'accord de 1759 ,on s'aperçoit que cette borne entre complétement dans l'alignement.
il saute ainsi aux yeux pourquoi la délimitation entre les communes préconisaient le lanter de 2 bornes entre Estiharria et la borne de Gillenberro.

il existait déjà des bornages des 2 cotés des lignes Estiharria-Gillenberrosaro et Estiharria-Alhamendi.



la borne intermédiaire et sa gravure (expertage de 1741 ou de 1528 )
16-Azarza bizkarra

ici aussi l'affaire ne fut pas si simple. Pourtant sur l'acte de l'accord de 1759 ,un long chapitre est consacré à ce quartier aujourd'hui en désuétude.
nous y consacrerons le moment venu quelques explications.
un grand remerciement à notre guide et au connaisseur de la zone Kaiet Harrispuru de la maison Olharria d'Hosta.



Garasi-Cize (rocher formant limite de commune Bussunarits-Lekumberry-Hosta)

un rocher gravé tiré de la bruyère .

autre marque de la limite Garasi-Kinto,aujourd'hui cimentée.

ce qu'il reste de la maison Azarka ,qui fit l'objet de tant de polémique au XVIIIième siècle.
elle avait été construit dans les terres communes .
elles étaient l’œuvre de charbonniers ,ceux qui devaient sans doute causer problème pour le paiement des impôts agriers puisqu'il s'agissait d'une occupation contestée.